Zoom métier : extrudeur
Interview de Stéphane Guihard, chef d’équipe Atelier d’extrusion Nicoll
S’il faut en moyenne 5 années d’exercice pour acquérir l’art de l’extrusion, la profession présente en France la particularité de ne pas disposer de formation spécifique. Représentant chez Nicoll un tiers de l’activité industrielle, l’extrusion mobilise aujourd’hui 68 personnes et s’organise en 3 x 8 dans nos ateliers. Stéphane Guihard, chef d’équipe au sein de l’atelier d’extrusion Nicoll, nous invite à découvrir un savoir-faire qu’il maîtrise… au doigt et à l’œil !
Stéphane, en quoi consiste l’extrusion ?
Stéphane Guihard : L'extrusion est une technique de transformation des matières plastiques permettant de fabriquer des tubes et des profilés. Il s’agit d’un procédé thermomécanique qui transporte, fond, malaxe, plastifie et comprime la matière thermoplastique (PVC en poudre) dans une extrudeuse à l’aide d’un ensemble double-vis/fourreau. Cette matière passe ensuite sous pression au travers d’une filière en donnant la forme désirée. La matière chaude subit alors une opération de conformation sèche ou humide pour être ensuite refroidie dans l’eau et figée dans sa forme. Les produits sont ensuite débités à la longueur déterminée. Une des particularités de ce process est d’être continu : si vous ne coupez pas la pièce, vous vous retrouvez rapidement… avec des kilomètres !
Comment s’organise cette activité au sein des ateliers ?
S. G. : L’extrusion fait partie des savoir-faire originaux de Nicoll et, au sein du Groupe, nous sommes les seuls à pratiquer cette fabrication historiquement destinée à produire des gouttières. En volume, l’extrusion représente l’équivalent d’un tiers de la production pour l’année 2017.
Parlez-nous de votre parcours et de la particularité du métier ?
S. G. : Mon grand-père était plasturgiste : cela m’a donné des idées d’orientation… Au cours de mes études – CAP puis BEP plasturgiste plastique et composite ̶ j’ai réalisé de nombreux stages en injection, mais la première proposition d’emploi que l’on m’a faite était dans une petite entreprise vendéenne qui fabriquait par extrusion des profilés de fenêtres. Ce fut une très bonne expérience, nous étions peu nombreux et j’étais ‘multi-tâches’. Je suis entré chez Nicoll en 1998. A cette époque il y avait beaucoup d’’anciens’ qui ont continué à me former et à m’apprendre le métier. Quelques années plus tard, je suis devenu adjoint dans différentes équipes, puis chef d’équipe. J’encadre aujourd’hui l’activité d’une douzaine de personnes.
Être extrudeur, c’est être polyvalent puisque nous gérons notre de ligne de A à Z : nous sommes au montage, au réglage et au conditionnement. Et c’est un métier qui continue à s’apprendre tout au long d’une carrière ! Le process est vivant, varié et demande une vérification constante par un contrôle qualité rigoureux.
Comment présenteriez-vous le métier à un jeune ?
S. G. : Je commencerais par lui dire que l’ensemble des métiers de la plasturgie manque de main d’œuvre qualifiée et que celui d’extrudeur ne possède pas de formation dédiée, du fait du coût des outils et de la matière première. Mais je luis dirais également que s’il est bricoleur, s’il aime toucher la matière et faire appel à tous ses sens, c’est un métier riche ! Il fait certes appel à des connaissances théoriques sur le comportement de la matière qui doivent s’apprendre à l’école, mais le métier s’acquiert en l’exerçant. L’extrusion nécessite de prendre en compte de nombreux paramètres (température de l’eau, composition du PVC, état de la matière au fur et à mesure de sa transformation, vitesse, etc.) mais reste un métier que l’on exerce au toucher, au ressenti, au feeling, à l’œil nu. Je dirais donc à ce jeune que le secret réside dans l’expérience et l’assiduité ! Un bon extrudeur, c’est 5 ans d’expérience au minimum, mais il y a de la place dans la profession et des possibilités d’évolution !
Stéphane Guihard, chef d’équipe Atelier d’extrusion Nicoll